Bientôt la pause déjeuner. S’échappe déjà de la cuisine l’odeur du poulet rôti et des poivrons qui embaume délicatement le lieu, ouvert sur la rue. Au coin de la rue de l’Olive, semble s’être importé depuis 2011 un petit rayon de soleil du sud, avec son tonneau à l’entrée, son lierre au mur et ses cuves à vin posées sur des troncs de chênes, prêtes à remplir la première bouteille venue. Bienvenue au vin En Vrac, qui allie écologie et économie ! À l’origine de ce concept unique, on retrouve Thierry Poincin, originaire de Saint-Raphaël. Ici, on peut venir remplir sa bouteille en vin, en alcool, acheter à la pièce ou encore se délecter d’un bon petit plat du jour. Une ruche authentique qui s’inscrit parfaitement dans l’ère du temps.
Le vin, c’est avant tout une aventure humaine.
Thierry Poincin a toujours été proche de la terre. Il a grandit dans la campagne auvergnate, d’où il a tiré une grande sensibilité pour le respect de la nature, les richesses du terroirs et leurs qualités gustatives. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Thierry ne s’est pas orienté immédiatement dans le vin. C’est à 31 ans, après avoir travaillé dix ans dans la banque, qu’il décide de se reconvertir dans domaine qui lui correspond. Toutefois, le vin n’est pas pour lui un hasard, puisque son père était livreur de vins.
Petit, j’accompagnais mon père de temps en temps dans ses tournées de livraison de vins.
Il est donc monté à Paris et a été pendant sept ans responsable d’une boutique Bacchus. La suite logique a été d’ouvrir sa propre cave puis un bar à vin dans le troisième arrondissement de la capitale. Précurseur, il ouvre en 2009 une structure d’export de vins naturels, c’est-à-dire sans apport en souffre, à Hong-Kong. Thierry aime les défis mais surtout innover ! Il loue donc pendant un an et demi 15m2 au marché couvert de l’Olive pour tester ce concept de vin en vrac, autrement dit « vin à la tireuse ».
Pour les anciens, cela leur rappelle des souvenirs d’enfance où ils allaient chercher le lait et le vin à la tireuse. Pour d’autre, cela leur rappel l’ambiance du sud et les plus jeunes comprennent immédiatement le message écologique.
Il ouvre donc son premier local En Vrac en 2011, le second rue Maubeuge au mois de septembre 2014. Thierry propose donc exclusivement des vins naturels de petits vignerons. Dans le fond, ce sont pas moins de huit cuves fabriquées sur mesure, qui sont à la disposition des clients.
L’idée c’est de se dire j’ai ma bouteille, je la remplie, et à mon niveau je fais un geste écologique pour la planète.
Qui dit sans emballages ni packaging dit une économie sur le budget. En effet, les prix baissent entre 30 et 40 % selon les vins. Désacraliser le vin en le rendant accessible à tous fait également partie des objectifs de Thierry, qui met en avant l’histoire de ses vignerons tout comme les produits artisanaux de sa mini-épicerie. Combiner ainsi un coin cuisine, une salle à manger, une épicerie et des vins/alcools à la tireuse donne au lieu toute sa convivialité et ce côté « à la bonne franquette » que l’on aime partager avec notre entourage.
C’est mon socle de valeurs, en terme gustatif et de respect du terroir.
Il se démarque également par ses ateliers où l’on assemble et crée son propre vin. Ce sont en tout plus de deux cents références de vins présents dans la boutique, suivant cette démarche qualitative.
On connaît tous les producteurs dont on a les vins, c’important cette relation de confiance et de proximité.
Parmi les vins naturels proposés à la bouteille, on trouvera :
Vins rouges
-« Ça c’est bon » de Laurent Leblede : « un vin très léger avec des notes fruits rouges. »
-Elodie Balme, ancienne employée de Marcel Richaud : « Il a la finesse des vins de Richaud, est très mûr en bouche. »
Vins Blancs
-L’Échalier, par Geneviève et Nicolas Bertin-Delatte : « L’équilibre parfait, une belle acidité, un joli fruit. »
-Mauzac, par Robert et Bernard Plageoles : « Ils ont plein de cépages inconnus qu’ils préservent. C’est un blanc sec avec un côté très pomme verte. »
Vins rosés
-« O joia », un vin portugais de la région de Minho. « Très franc, avec un côté framboise écrasée. À 70 ans, le vignerons est venu ici avec son petit sac me faire goûter ses vins, je me suis tout de suite attaché au personnage. »
-Domaine Turenne de Philippe Benezet
Thierry Poincin aime les vignerons qui prennent des risques et s’investissent à 100% dans leur exploitation, comme Michèle Aubery (Domaine Gramenau) qui vendange la nuit au froid et livre le vin frais à 3-4h du matin.
J’aime beaucoup l’idée de perfection face à cette problématique du vin naturel.
Thierry Poincin affirme cette volonté de répondre à des problématiques de son temps, le tout en revenant à l’essentiel : au savoir-faire ancestral et à la terre. Il a tout compris.
Marion Gordien
Vin En Vrac
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire