Que serait une épicerie fine si elle n’avait pas d’histoire à raconter ? Passer le pas de la maison Macis c’est entamer un voyage, autant gustatif que littéraire, culturel et personnel, au travers des origines de sa créatrice, Claire Giudicenti. Depuis avril 2014, Claire a ouvert une brèche rue de Lévis, pour tous les amateurs de gastronomie et de littérature culinaire, mariant des produits d’excellences à un petit coin librairie salon de thé. La particularité de ce lieu à part réside dans le chemin tracé par les saveurs, véritable parcours culturel. On part donc de Bretagne, pour se diriger vers le soleil des pays méditerranéens, avec comme épicentre, l’Île de Beauté. Pour enfin terminer vers l’Anatolie et l’Arménie, les racines de Claire.
Macis c’est le partage. On ne reste pas à la surface des choses, c’est l’éloge de la lenteur et de la découverte.
Le choix de « Macis » n’est pas un hasard. Claire a été séduite par le symbole et la saveur de cette épice. Il est l’âme même de la boutique et un clin d’œil à ses origines arméniennes. Phonétiquement « Massis », désignant la montagne sacrée Ararat, le sommet de l’Arche de Noé.
Nous sommes tous faits ainsi. Faits de mélanges, d’alchimies de saveurs et de cultures. Et de partages.
L’occasion pour nous de découvrir cette épice, le macis, d’un rouge ardent, enveloppant subtilement la noix de muscade. Car le muscadier est le seul arbre au monde à produire un fruit et deux épices. Un mélange de saveurs au sein d’un même fruit qui correspond à la richesse des saveurs et des cultures présentées à l’épicerie.
Née d’un père breton et d’une mère arménienne, Claire Giudicenti a vite eu envie de prendre le large et de découvrir de nouveaux horizons. Chacun de ses parents lui a transmis un héritage culturel, en passant par l’histoire et la cuisine. La famille corse de son mari y a rajouté du piquant et une richesse supplémentaire, tout comme ses expériences personnelles. Dès ses vingt ans, elle sillonne deux ans le nord de l’Italie en tant que chargée marketing, dans son cursus Sup de Co Paris. Elle travaille ensuite longtemps dans la communication presse puis se réoriente à quarante ans dans la littérature, en montant une association pour créer un livre sur l’Arménie. Pendant huit ans, elle assure ce travail d’éditrice, organisant en parallèle des expositions pour faire connaître la culture et l’histoire de ce pays et de ce peuple. À 54 ans, Claire suite son évolution et se lance dans un nouveau projet : la création de son épicerie fine/librairie-salon de thé.
Je rêvais d’authenticité. Au départ, le concept est de rendre accessible la gastronomie et la culture de l’art culinaire.
Claire, en cuisinière avertie, a donc allier ses deux passions : la littérature et la cuisine, un véritable moyen d’ouvrir son esprit et d’aller au-delà des frontières. La recherche de fournisseurs et la mise en place du projet lui ont pris une année. L’idée était, à partir d’une histoire, d’un pays, d’aller chercher des produits exceptionnels réalisés dans les meilleures conditions possible. On trouvera donc beaucoup de produits bretons, basques, siciliens, espagnols, corses, grecs, marocains ou libanais, avec notamment une cinquantaine d’épices dont une quinzaine de mélanges.
Les épices sont pour la cuisine, ce que sont les points de ponctuations dans la littérature. – Roellinger
Claire marche au feeling. Elle goûte systématiquement les produits qu’elle sélectionne avec l’aide de Jessica, partageant la même philosophie et une démarche sensible. Aujourd’hui, ce sont près de neuf cent références de produits qui jalonnent les étagères de la Maison Macis.
Voici une petite esquisse de voyage au sein de l’épicerie et de ses produits :
-Côté sucré, on se régale avec les confitures artisanales corses « Anatra ». Le créateur, d’origine bretonne, fabrique ses confitures à partir uniquement de fruits corses de saisons gorgés de soleil. On trouvera par exemple des pots à la mandarine, à la poire- safran, à la figue noire ou au cédrat.
-Cap sur la Bretagne, côté mer, avec les rillettes de poissons Algoplus, son tartare aux algues et son huile de homard bleu.
-Toujours dans l’air breton, on découvre les soupes de poissons ou le tartare marin de Scarlette Le Corre, une femme-marin qui fabrique ses produits issus de sa pêche.
À l’heure du déjeuner, testons la purée aux orties, les champignons ou les pâtes traditionnelles grecques à la tomate « Supersec ». Philippe Emmanuelli, producteur belge originaire de Corse, est un chef cuisinier spécialiste des champignons. Il se rend chez des producteurs du nord de la Grèce pour aller chercher ses champignons et fait lui même la déshydratation immédiatement après récolte, ce qui permet de préserver les valeurs nutritives de l’aliment. (Ex :pieds de mouton, girolle, morille, trompette des morts.)
-Il est temps de vibrer au sous les saveurs siciliennes, avec la crème de pistache bio Melauro, la crème d’artichaut Solo Sole ou encore l’huile d’olive fruité mûr Partanna.
-On éveille ses papilles et on se détend avec les produits marocains, comme le couscous d’Hafida sans gluten, qui contient sept graines de semoule différentes, les épices à couscous Dima Terroir ou encore les eaux florales à la fleur d’oranger.
-Pour une explosion de saveurs, on se laisse tenter par les produits libanais ; comme la mélasse de grenades, préparée traditionnellement qui remplace le vinaigre, ou encore les épices d’Ethic Valley, le Sumac (épicé et très acidulé) et le Zaatar (mélane d’épices orientales)
On trouve également la plus grosse pâte du monde : Caccavella de Gragnano, à farcir ou encore les meilleures chips du monde 2012 (Espagne) faites avec du sel rose d’Himalaya.
Le petit coin librairie salon de thé est une partie indispensable de l’épicerie, avec à son bord 150 livres à feuilleter autour d’un bon thé arménien ou à ramener chez soi. On trouvera entre autres, en plus des deux livres édités par Claire (« Arménies » et « Ebru »), un ouvrage de Nathalie Maryam Baravian, « La cuisine arménienne ». Un livre moderne de Sonia Ezgulian « Ma cuisine astucieuse ». La cuisine innovante arabe et juive dans « Jerusalem » de Yotam Ottolenghi et Sami Tamimi. Un apprentissage de la cuisine traditionnelle japonaise, de Singleton Hachisu « Japon la cuisine à la ferme ».
Comme pour les produits de l’épicerie, Claire sélectionne les ouvrages qui ont une histoire et qui viennent des quatre coins du monde.
De par son histoire comme de la sélection de ses produits, Claire Giudicenti a su dépasser ce côté alimentaire et partager son message de découverte, de tolérance et de patience.
La boucle est bouclée. La boucle qui permet, en notre for intérieur, de faire et défaire les nœuds de nos histoires, nos mémoires, nos origines, nos cultures.
Maison Macis est un voyage gustatif, culturel, et qui sait, peut-être éveillera t-il en vous quelques origines cachées…
Marion Gordien
Maison Macis
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