La famille Benoit se raconte et se découvre à travers la douceur du cacao. Fondée en 1975 par les parents, la maison évolue au fil des ans, grâce à la transmission du savoir-faire artisanal, de père en fils, mais aussi de père en filles. Car des enfants, les Benoit en ont eu trois : Anne-Françoise, Véronique et Dominique. Tous ont plongé dans l’univers magique du chocolat. Depuis 1997, Anne-Françoise est aux commandes du laboratoire de fabrication à Angers et inaugure en 2009 avec sa sœur aînée Véronique, l’ouverture de la première boutique sur Paris, en plein cœur du Marais. C’est donc dans des tons chocolat, du sol au plafond, que l’on pénètre ce repère familial, où la finesse des chocolats se conjugue à la sensibilité d’une décoration artistique. Deux personnalités bien distinctes pour une enseigne de chocolat 100% féminin !
On est dans le respect et la qualité des matières premières, la recherche constante d’un goût prononcé et authentique. On est dans de l’artisanat pur.
Aujourd’hui, à l’occasion de la 20ème édition du Salon du Chocolat, Anne-François s’est vue décerner l’Award de la « Meilleure Chocolatière » de France par le Club des Croqueurs. Une récompense pour cette maman qui a su se faire une place dans le métier et dont le travail est reconnu par ses confrères.
Si par ce prix, je peux donner de l’espoir et ouvrir la voie à d’autres femmes dans ce métier, alors rien ne me ferait plus plaisir.
Pourtant, si comme sa sœur, elle a baigné dans cet univers depuis l’enfance, elle a d’abord fait son petit bonhomme de chemin, avant de revenir à ses premiers amours.
J’étais très présente auprès de mon papa. J’aimais aller au laboratoire aider à la création, en commençant d’abord par faire des rochers pralinés.
Alors que son frère entame dès l’adolescence un CAP chocolatier, Anne-Françoise se dirige d’abord vers des études en sciences économiques et ressources humaines. À 27 ans, tout change. La question de la succession de la chocolaterie se pose. Un challenge, une passion; il n’en fallait pas plus pour qu’elle saute le pas.
Mon père m’a transmis le respect des matières premières, les bons gestes à avoir et les automatismes à prendre, tels que goûter systématiquement chaque ingrédient avant toutes préparations.
Elle se forma donc aux côtés de son paternel deux années durant, après quoi, elle se perfectionna chez d’autres chocolatiers comme Richart ou Lenôtre.
Il fallait que je m’impose en tant que femme et cela n’a pas toujours été facile.
Elle s’est piquée au jeu ! Et en 1997, elle reprend les ficelles du laboratoire familial à Angers. Passionnée, elle ne tarde pas à multiplier les récompenses, comme l’Award « jeune talent » en 2003, le « prix de la ganache » en 2005 ou encore l’Award « des meilleurs chocolatiers » de France en 2010.
C’est un héritage, on perpétue leur travail, leur audace du début lorsqu’ ils se sont lancés, jusqu’à la fin.
L’entreprise rassemble toujours la petite famille, les parents sont d’ailleurs toujours consultés à chaque création de chocolat.
Papa reste mon testeur numéro un et maman aussi, qui n’est pas toujours tendre ! (Rires)
Son frère dirige son propre laboratoire à Lille et sa sœur, Véroniqu, a rejoint l’aventure officiellement en 2009. Cette dernière a elle aussi fait son parcours avant de retomber dans son univers d’enfance, son premier amour, le chocolat. Elle s’oriente donc vers l’histoire de l’art, devient journaliste spécialisée dans le marché de l’art et donne quelques coups de main à sa sœur en parallèle, pour la décoration notamment, et ce pendant dix ans. Tout s’est déroulé naturellement, comme une suite logique pour les deux sœurs, travaillant en tandem sur beaucoup de choses.
On fonctionne toujours au feeling. Et qui sait, peut-être qu’un jour je basculerais côté labo avec elle ! V.
Véronique allie deux passions : son amour pour l’art et celui pour le chocolat. En plus du quartier historique dans lequel elles ont ouvert la boutique, elle instaure un cadre rétro et chaleureux au lieu, où ses objets de chinage ne sont jamais très loin. À l’image des meubles anciens, des lustres, de la cabosse de cacao en céramique, ou encore de ce fameux tableau de marchand de porcelaine.
Proches, les deux sœurs partagent la même vision du chocolat et du travail artisanal. Il n’est donc pas rare que l’une finisse les phrases de l’autre et vice versa.
Ce sont en tout soixante-dix bonbons de chocolat que la maison propose, alliant toujours des créations d’il y a quarante ans avec les nouveautés. On retrouvera par exemple les fameux rochers pralinés de son papa, un praliné noisette du Piemont et des amandes de Sicile enrobées dans le chocolat à la main, ou encore le Plantagenêt au Cointreau, une spécialité d’Angers.
Parmi les vedettes d’Anne-Françoise, on retrouve le délicieux Cara, variation de la spécialité maison le « Caramandes », qui allie le croquant des amandes effilées rehaussées avec une pointe de sel du caramel, pour un fondant en bouche qui dure.
Tous les chocolats sont élaborés à partir de grands crus de cacao, en provenance du Venezuela, du Brésil, de l’Équateur, ou du Pérou. Tous ses chocolats sont réalisés dans son laboratoire à Angers et livrés une fois par semaine dans sa boutique parisienne.
Je fabrique mes chocolats au fur et à mesure, un gage de qualité et de fraîcheur.
Ses créations ne sont pas réfléchies à l’avance. Elles viennent sous l’impulsion d’une rencontre, d’un voyage, d’un dîner, si bien qu’Anne-Françoise garde ses sens en éveil, tout comme sa sœur Véronique.
Par exemple, Anna fut inspirée de deux voyages, l’un au Pérou, à la rencontre des producteurs de fèves de cacao, et l’autre au Chili, avec les saveurs de ses fraises blanches. Associé à l’ananas Victoria, elle a ainsi réalisé un chocolat en bicouche, pour une explosion de goûts ensoleillés.
Couler une ganache est pour moi un geste très sensuel, très féminin. Par son goût, son odeur, je trouve que le chocolat est une belle matière qui permet de nombreuses ouvertures sur le monde.
La ganache framboise AFB en est le parfait exemple, où féminité et glamour sont représentés. Sa ganache à la pulpe de framboise parfaitement équilibrée a d’ailleurs reçu le prix de la ganache 2005.
Le plus difficile c’est obtenir cette subtilité, le juste goût. Il ne faut pas que le chocolat agresse le palais. Il faut qu’il soit goûteux et, une fois en bouch,e que toutes les saveurs embaument le palais. A-F
On pourra également déguster le Concerto: une ganache pur chocolat Venezuela avec des éclats de fèves de cacao:
Anne-Françoise est une femme qui ne reste jamais sur ses acquis et qui évolue au rythme des récoltes de fèves. Pétillante et créative, elle a su donner à chacun de ses chocolats un caractère, une emprunte féminine qui se ressent en bouche, dans toute la subtilité créée. Le but étant d’éveiller une émotion chez son hôte. C’est le côté magique du chocolat : déclencher un rêve, une culture, un souvenir. Et elle y excelle.
C’est en ça qu’elle est une artiste, comme un peintre avec son dernier coup de pinceaux à la toile, elle y met son emprunte, pour atteindre la perfection. V.
Marion Gordien
Benoit Chocolats
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