De petits yeux vous interpellent… Non, pas ceux d’un oiseau classique, mais ceux d’une chouette, avec toute l’intensité qu’il s’en dégage. Vous venez d’arriver à l’Épicerie Générale, ouverte en août 2014 après le succès du premier magasin, né en 2011 rue de Verneuil. L’ouverture que l’on perçoit au premier abord n’est pas sa niche, non, mais bien l’endroit rêvé pour acheter des jus frais pressés à emporter, du thé, du café ou même de petites douceurs sucrées et/ou salées. La créatrice de l’épicerie n’est autre que Maud Zilnyk, rejointe peu après par Lucio Hornero, aujourd’hui son associé. Le concept est simple, d’ailleurs, la chouette symbolise très bien ce combat : faire la promotion du bio français et protéger les petits producteurs tricolores.
Petite-fille de paysans, Maud a très vite été sensibilisée au respect des produits et au travail artisanal des producteurs. Consommer bio lui est venu naturellement, la poussant, même lorsqu’elle ne le savait pas encore, vers cette voie toute tracée.
Je me rendais compte que les supermarchés bios proposaient des produits d’ailleurs, mais pas de France.
Mais avant tout, Maud s’est orientée dans la communication et le marketing, travaillant au service image dans la mode des célèbres Galeries Lafayette. La jeune femme a toujours eu un goût pour les voyages, des expéditions qui lui ont notamment permis de constater le retard du bio en France comparé à ses voisins. En 2010, elle délaisse l’univers des paillettes pour se consacrer à 100% à son projet : l’ouverture de son épicerie. En l’espace d’un an, le bouche-à-oreille aidant, les rencontres avec les producteurs se multiplient et l’objectif de sélection se précise : le goût avant tout, un mode de fabrication en adéquation avec l’environnement, le respect du produit et un travail artisanal. Aujourd’hui, près de deux cent références investissent les lieux.
La transmission des produits à nos clients est très importante. On veut qu’ils comprennent comment les produits sont faits et leur laisser entrevoir une autre approche de consommation.
Peu après l’ouverture de la première Épicerie Générale rue de Verneuil, à ses débuts, Lucio Hornero a passé le pas de la porte et n’est plus jamais reparti. Né à Chamonix, il grandit à Paris et fait des études dans la culture-communication. S’il se destinait à être conservateur d’un musée, il dévie vite dans l’évènementiel, préservant toujours ce lien avec la terre, par son implication dans une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne).
Mes grands-parents avaient un potager et cuisinaient beaucoup avec les fruits et légumes du jardin. Par le biais des AMAP, je me suis remis à découvrir ce qu’était le respect des saisons et les circuits courts.
L’intérêt pour l’alimentaire, le local et le bio a vite mué en projet professionnel. Le hasard fait bien les choses car il rencontra Maud, et partageant les mêmes aspirations, ils développèrent ensemble l’épicerie.
On est à la frontière entre l’épicerie et le traiteur, mais en privilégiant toujours le produit. Par exemple, on aime faire sortir l’épicerie des murs et aller avec nos produits chez le client !
Au sein de l’épicerie, on trouve toutes sortes de produits frais, à arrivage quasi quotidien, et respectant les saisons, comme les fruits et légumes, le rayon frais (fromages, charcuterie), les condiments, le sucré-salé ainsi que la partie à emporter de plats chauds ou froids.
On se démarque par nos produits, mais la force de l’épicerie réside dans le conseil de notre équipe spécialisée.
En tout, une dizaine de personnes fait marcher l’épicerie, chacun fort de sa spécialité dans un domaine, un produit, un savoir-faire. Lina par exemple est spécialiste de la thérapie par les plantes et s’occupe des jus pressés renouvelés chaque jour.
Côté cuisine, c’est Marjorie, le chef, qui concocte les plats du jour bios chauds/froids en fonction des arrivages et des produits de saison. On trouvera donc, en plus des plats du jour, au minimum deux salades et deux soupes.
C’est une cuisine familiale où tout est fait maison. Que ce soit pour les viandes, les volailles et le reste des produits, je sais avec qui je travaille et la dynamique bio reste la même.
On trouvera également les tartes bio sans gluten de l’Atelier des Lilas, ainsi que les gâteaux sans gluten de Keili et Noglu, tous les jours différents.
La variété des sandwiches est une autre force de l’épicerie, proposant des classiques comme le jambon beurre, ou des recettes maisons comme le niçois (chèvre frais, pesto, épinard), toujours en utilisant des produits frais et de qualités. Le pain est fourni par les boulangeries Panifica et Gontran Cherrier, avec ce même souci de recherche des meilleurs produits chez chaque artisan partenaire.
Voici une petite sélection signée Maud Zilnyk, de quelques produits phares du magasin :
-On commence par un apéro gourmand, avec le porc noir du domaine de Saint-Géry Il a la particularité de ne contenir aucun additif chimique. Fondant en bouche, il laisse un goût de noisette au palais.
-L’occasion également de tester la tomme de brebis et de chèvre de l’élevage du Corbier, avec un affinage de six mois minimum. Son goût se rapproche de celui du parmesan.
-On déguste le tout avec un vin rouge naturel du Languedoc, Le Violetta. Son goût très fruité convient parfaitement pour un apéritif.
-En entrée, on peut tester les sardines et anchois de « Gratte Semelle », la dernière conserverie méditerranéenne qui produit également de l’huile d’olive.
-Pour le plat, on surprend ses papilles avec les pâtes de blés, aromatisées ou non, de la Drôme. Le producteur récolte lui-même son blé, le transforme et respecte l’environnement.
-Pour une petite touche sucrée, on se régale avec les biscuits sans gluten d’Antoine, faits à base de farine de sarrasin. Il fait sa propre farine en Bourgogne.
- Pour un digestif inattendu, on opte pour une vodka française. Fabriquée par une famille ancrée dans la biodynamie depuis quatre générations, cette vodka frappe par sa saveur fruitée, plutôt inhabituelle au regard des vodkas en vente dans la grande distribution.
Maud Zilnyk et Lucio Hornero ont vu juste. Ils ont réussi à défendre le bio français, les petits producteurs et la qualité des produits, tout en alliant modernité et créativité. Le bio évolue et la chouette n’a pas fini de faire parler d’elle dans la capitale.
Marion Gordien
Épicerie Générale
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