On pourrait démarrer cette histoire par : « Il y a fort, fort, longtemps… en l’an Mille, le Domaine de Bruignac était le lieu où l’on cultivait la vigne, comme l’atteste les archives. Pour les amateurs de vins ou d’histoire, le site d’une trentaine d’hectares a de quoi charmer. Le donjon et le manoir du XIIème siècle construits sur des ruines de villas gallo-romaines, ainsi que la forêt de chênes vieux de plus de trois-cents ans, en sont un bon exemple. Mais ce qui a fait la renommée du domaine depuis des siècles réside dans le vignoble produit sur les terres de l’Entre-deux-mers. Depuis 2005, Louise-Aimée Dufour et Denis Collart ont repris le flambeau, faisant revivre la propriété, notamment avec leurs 2,37 hectares de vignes.
Louise-Aimée et Denis ont toujours été des amateurs avertis de vins. Elle québécoise et lui français, ils vivent tour à tour dans leur pays respectif et tissent leur réseau professionnel au fil des ans. À leur retraite, ils décident de trouver une propriété en France où ils pourraient développer une activité agricole pour s’occuper. Louise-Aimée s’adonnait à sa passion, les fleurs, et Denis en est vite venu à la fabrication de vins.
Le vin réunit des personnes de tous horizons, et en ce sens, c’est un univers très enrichissant. C’est une entrée en matière pour parler de divers autres sujets.
Petit à petit, les choses se mettent en place, avec la construction du chai en 2007 et le travail de l’œnologue Christian Veyry, du Laboratoire Michel Rolland. 2008 est l’année de la première vinification au domaine, et en 2011, Denis Collart se lance et devient le maître de chai. Denis s’est investi dans le projet dès son commencement : il observe, lit, s’interroge, jusqu’à écrire ses cahiers de protocoles sous l’œil bienveillant de Christian Veyry, son conseiller.
On essaie de tirer le meilleur du terroir que nous avons entre les mains.
L’excellence est visée dès le début, en misant sur la qualité des vins produits, qui représentent très bien la typicité des vins de Bordeaux : des vins bien faits, fruités et qui ont du corps. À ce jour, deux vins rouges sont produits : Le Château Donjon de Bruignac, un AOC Bordeaux rouge et le Bruignac Premium, un AOC Bordeaux Supérieur rouge. Ils se concentrent sur deux cépages : du Cabernet Franc, pour son côté légèrement épicée (40%) et du Merlot, pour sa saveur fruitée (60%). L’épamprage, l’ébourgeonnage, l’effeuillage, la taille et les vendanges vertes sont manuels, afin de mieux contrôler le rendement et maximiser la maturité des vignes. Ainsi, entre 8000 et 10 000 bouteilles sont produites chaque année.
-Le Château Donjon de Bruignac est mis en bouteille environ neuf mois après les vendanges. C’est un vin relativement jeune, léger, fruité et facile à boire.
-Le Bruignac Premium est fait à partir d’une sélection chaque année des meilleurs cépages en Merlot et Cabernet Franc. On obtient un bel équilibre entre le fruit et le bois.
Chaque vin est unique et acquiert son identité dans le travail d’élevage et de vinification donné par son propriétaire. Denis Collart a su allier la tradition, le travail manuel réalisé sur la vigne et les vendanges, à la modernité, par l’équipement technique du chai, comme le cuvier en acier inoxydable (température constante de 15°C).
Les vendanges sont tardives (mi-octobre), afin de permettre au raisin d’atteindre sa maturité maximale. Tout est fait à la main, avec la petite équipe de dix huit personnes supervisée par Denis et sa femme. Ils commencent d’abord par les jeunes Merlot (1ère journée), puis les vieux Merlot (2ème journée), pour enfin terminer avec les Cabernet Franc (3ème journée). Les grappes sont nettoyées, triées et envoyées au chai pour un second tri manuel sur table (l’érafloire).
On sélectionne des raisins bien mûrs, bien propres et si possible entiers. On aime faire nos fermentations dans le raisin lui même.
Vient le temps des fermentations (15ène de jours), qui se font en cuves individuelles par cépage et par parcelle. C’est à cette étape que les vignerons se démarquent les uns des autres, grâce à leur recette personnelle. La macération dure une dizaine de jours au cours desquels des analyses en laboratoire et des dégustations par l’oenologue sont faites afin de corriger le vin si besoin.
À la fin de la période, le vin est sorti de la cuve. Le marc du vin pressé au fond de la cuve (le vin de goutte) est sélectionné et utilisé pour fabriquer les « Bruignac Premium ».
Après une autre fermentation (15aine de jours), l’élevage du vin peut commencer. Il est en garde-vins inox thermo-régulé, utilisé pour le bordeaux rouge (8 mois) ou en fûts de chêne français, utilisé pour le bordeaux rouge premium (1 an). Denis surveille donc de près le processus, en goûtant, contrôlant et en nettoyant les barriques.
Pour avoir du bon vin, il ne doit y avoir aucun défaut. On doit y retrouver le fruit des cépages, à la vue, au nez et avec une longueur en bouche. L’équilibre doit être parfait.
Denis Collart et Louise-Aimée, de par leur travail et leur souci d’excellence, rendent progressivement au domaine sa splendeur d’antan. Chaque année, l’objectif est le même : tirer le meilleur parti du terroir pour faire des vins de qualité. Une qualité et un équilibre perceptibles à chaque gorgée: une belle réussite.
Marion Gordien
Domaine de Bruignac
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