Après six heures trente d’épreuves, la cinquième édition du Meilleur Ouvrier de France classe Fromager s’est conclut par la consécration de deux candidats au titre de MOF 2015 : Ludovic Bisot et Marc Janin. Ils sont aujourd'hui dix-huit à avoir le titre.
Être MOF, c’est l’excellence professionnelle, toujours s’améliorer ; la motivation est toujours intacte. Christian Janier, MOF 2000.
Le Guide du Goût était donc présent à la finale qui se déroulait au Salon de l’Agriculture, lors de l’épreuve de réalisation du chef-d’œuvre. Le thème : « Retour vers le futur ». L’occasion pour les candidats de laisser aller leur créativité et de mettre en avant leur connaissance des terroirs. Avec vingt-cinq fromages AOP imposés, ils pouvaient en utiliser jusqu’à plus de cinquante. Le jury, composé de professionnels du milieu et de MOF des années précédentes, jugent durant ces trois heures leur maîtrise des produits, le respect des gestes professionnels, leur organisation et leur créativité.
Le titre de MOF, c’est comme une appartenance à une famille. Christian Janier, MOF 2000.
Retour sur les deux nouveaux MOF de cette promotion :
Ludovic Bisot et sa réalisation magistrale d’un chemin de fer. Chaque détail à son importance : du train qui transporte ses fromages dans ses wagons, au chèvre glissé dans un cadran d’une montre à l’ancienne, ou encore ce petit oiseau qui sort de ce morceau de fromage d’Alpage affiné de 14 mois : un retour en enfance assuré !
Le fromage est un champ infini de rêves et de création.
Ludovic Bisot, Icaunais et installé à Rambouillet, a choisi de se reconvertir dans l’univers du fromage, par passion pour ce produit, mais aussi pour être indépendant dans son travail.
Pour moi le fromage, c’est une tranche d’histoire, une part de terroir et un moment jubilatoire !
Pour sa première participation au concours à l’âge de 48 ans, le sénior de la compétition surprend et impressionne par sa maîtrise.
J’ai participé au concours pour approfondir mes connaissances fromagères, sortir du quotidien et avoir un défi à relever.
Chose faite pour Ludovic, un grand enfant, qui porte désormais fièrement son col bleu blanc rouge.
Marc Janin, deuxième MOF de cette promotion, propose une version futuriste d’une ville, avec les différents fromages au sommet, tout en jouant sur les formes et les hauteurs. Il met un point d’honneur à la coupe de ses fromages: précises et techniques. Au sommet, on peut admirer la fenêtre ouverte qu’il a sculptée à même le fromage.
Pour moi le fromage est un produit vivant qui possède de nombreux secrets gustatifs à découvrir.
Épanoui et passionné par ce métier depuis dix ans, à la reprise de la fromagerie familiale à Champagnole, Marc s’est très vite lancé le défi de devenir MOF. Déterminé, après un premier échec, à 30 ans, le benjamin de la promotion 2015 accède au titre.
Ce titre de MOF, c’est l’aboutissement du travail de mes aïeux, dans une recherche de qualité continuelle.
Le col tricolore porté, ce jurassien a de longues années pour faire des étincelles, tout en suivant sa devise : « Avoir un pied dans le passé et la tête dans l’avenir ! »
Petit retour sur l’épreuve, avec un aperçu du travail de trois autres candidats, dont la créativité n’a aucunes limites : tout simplement magique !
La création est ce qui crée l’émotion, c’est illimité. Tout est dans le détail et la précision. François Bourgon MOF 2011.
-Aurore, cette nantaise de 31 ans avec ses rouages d’une machine à remonter le temps. Une précision, de la technique et une inventivité qui nous transporte directement dans son univers.
-Vincent, pour sa troisième participation au concours, propose une œuvre qui joue sur les nuances de lumières, une ville moderne avec sa grande tour et son horloge, ses lignes droites, ses hauteurs et ses fromages sous cloche : une élégance qui ne laisse pas indifférent!
Le fromage est mis en valeur par des créations et des associations d’idée ; c’est ce qui est fabuleux ! François Bourgon MOF 2011.
-Enfin, dans l’esprit d’un système solaire et de ses fromages qui gravitent autour, Christelle aime mélanger les genres et révèle toute son audace pour sa deuxième participation au concours. Très aérien et détaillé, sa création est une vraie œuvre artistique !
On n’a jamais eu autant de femmes en final ! C’est la première année où sur les dix candidats, quatre sont des femmes.
Une évolution que constate Josiane Déal, MOF 2004 et membre du jury. Parmi le jury, on croisera des MOF, comme Gérard Petit, Didier Lassagne, Xavier Thuret ou Bernard Mure-Ravaud, mais aussi des professionnels du métier, tel que Martine Dubois. Cette année, le président du concours est Christian Janier, MOF de la première édition de l’an 2000.
Le métier de fromager évolue continuellement et délaisse son image rustique pour devenir un métier attractif aux yeux des jeunes et des personnes en désir de reconversion. Un fait très marqué depuis quelques années, comme le constate Gérard Petit, MOF 2004 et formateur depuis huit ans au Centre de Formation de Paris.
Pour être fromager, il faut aimer le fromage, être passionné.
Alex, Julie et Boudjemaa, élèves au centre de formation confirment cette tendance et partagent leur vision du métier : tout en évolution et modernité.
C’est un patrimoine que l’on se doit de préserver. Mais il faut amener le fromage d’une façon différente, nouvelle, pour le faire découvrir aux plus jeunes.
Sur les seize élèves de leur classe, six sont des filles, beaucoup sont des reconvertis, des épicuriens ou des personnes dont la famille avait un pied dans le métier (fromager/producteur). Les pieds sur terre et connaissant la réalité du marché, les jeunes sont pour la majorité prudents. Ils font d’abord des études (commerce ou autres) afin d’avoir un bagage au cas-où le métier de fromager ne marcherait pas pour eux. Ils veulent être acteurs dans la profession, en étant maître affineur-fromager.
Ce que j’aime dans ce métier, c’est le relationnel avec le client. Il y a un vrai lien de proximité que l’on crée avec eux, en étant leur fromager. On touche toutes les générations. - Julie.
Pour eux, une chose à la fois. Devenir MOF n’est pas un objectif à atteindre à tous prix, c’est une démarche personnelle, qui peut venir avec le temps.
Loin d’être en déclin, le métier de fromagers prend un nouveau souffle grâce à une nouvelle génération qui allie tradition et modernité. De belles perspectives en vues.
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